Egil Ødegård… d’« investisseur étranger » à scandale transfrontalier




Lorsqu’il a posé le pied au Maroc, Egil Ødegård s’est présenté comme un producteur de cinéma international, capable d’attirer des investissements, de créer des emplois et de contribuer au rayonnement de l’industrie cinématographique marocaine. Mais derrière les sourires officiels et les façades brillantes de ses sociétés, il dissimulait un tout autre projet : transformer le Maroc en une plateforme sécurisée pour blanchir ses fonds échappés à la justice norvégienne.



L’illusion de l’investissement et l’éclat du cinéma



Ødegård n’apportait pas dans ses bagages des idées artistiques mais des schémas comptables douteux. Ses entreprises naissaient et disparaissaient à un rythme effréné : Evil Doghouse, puis Mizar Studios, ensuite Film Farm. Chaque changement de nom n’était pas un développement normal d’une structure de production, mais une opération de maquillage visant à cacher une gigantesque fraude fiscale estimée à des centaines de millions.



Le Maroc… pour un dirham



L’épisode le plus choquant de sa trajectoire reste sans doute la vente d’un projet complet de production d’alcool à Khénifra pour la somme symbolique d’un dirham, tout en se réservant le droit de le récupérer dix ans plus tard. Une transaction qui révèle son mépris : un pays entier réduit à un terrain d’expérimentation bon marché, où les loyautés s’achètent et où les actifs s’échangent comme de la pacotille.



Le jeu des trahisons



Mais le scénario ne s’est pas déroulé comme prévu. Les « amis » qu’il croyait de confiance se sont retournés contre lui. Amine Rizk s’est accaparé les sociétés et le matériel, Amal Ziadi a exigé une contrepartie financière pour restituer sa part, tandis qu’Issam Labadi a choisi le silence en disparaissant. Ødegård, habitué à manipuler, a fini par goûter à la même trahison qu’il avait lui-même pratiquée.



Une tache sur l’image du Maroc



Au-delà de sa débâcle personnelle, ce qui choque le plus est l’empreinte qu’il laisse derrière lui. Son aventure, au lieu d’incarner un investissement crédible, s’est transformée en une leçon amère : le cinéma peut servir de paravent à des opérations suspectes. Il a terni la réputation du Maroc et jeté le doute sur un secteur qui a pourtant besoin de transparence et de partenariats sincères.



L’inévitable chute



Celui qui voulait jouer au « producteur mondial » n’est plus qu’une carte brûlée. Le scénario qu’il avait écrit pour lui-même s’est retourné contre lui, et la scène qu’il prétendait dominer l’a rejeté hors du plateau. Quant à la justice, qu’elle soit norvégienne ou marocaine, elle ne cessera de le poursuivre. En résumé : il a voulu tout gagner, il a tout perdu.